Des plateaux aux sommets. Le cinéma en reliefs.

« Si vous savez filmer des montagnes, filmer de l’eau et du vert, vous saurez filmer des hommes ». Cette prescription de Lubitsch ne va pourtant pas de soi. Face à la griserie insurmontable des sommets, confronté à l’atonie apparente des plats horizons, le cinéaste perd tout repère et s’interroge : au ras du sol ou en plein vol, où se placer pour restituer ou modeler les reliefs des crêtes, la platitude des champs ? À quoi mesurer son regard ? Comment être à la hauteur ??

L’analyste, tout aussi incertain, vacille : comment les films explorent-ils la surface tourmentée de la Terre, appréhendent-ils creux et saillies ? Reconduisent-ils la « sublime horreur » des montagnes, le mythe pastoral, les « plats pays » du Nord ou chamboulent-ils la perception en redistribuant les cartes des deux versants ?