Potentialités critiques du droit d’auteur dans les champs de l’art et des sciences sociales.

Entretien avec Sarah Mekdjian

Ce projet propose d’ouvrir un terrain de réflexion sur le droit d’auteur et ses usages contemporains, depuis les champs des sciences sociale et de l’art. En particulier, il s’agit de réfléchir à ce que devient le droit d’auteur dans les travaux qui engagent des auctorialités complexes, telles que les recherches-créations collaboratives, participatives ou encore coopératives qui réunissent des chercheur.se.s, des artistes et des personnes qui n’appartiennent ni au monde académique, ni au monde de l’art. Les contextes à partir desquels nous proposons de remettre en chantier les termes de ce débat sont ceux de l’art et des sciences sociales menés « à découvert », c’est-à-dire en prise avec des situations sociales et politiques, où les personnes impliquées ne sont ni seulement chercheur.ses, ni artistes. Les trois membres de l’équipe, Sarah Mekdjian, Marie Moreau, Peggy Pierrot, ont chacune pour point commun d’élaborer des pratiques où les savoirs, les formes esthétiques, les gestes ont vocation à être co-construits avec des personnes généralement exclues des institutions légitimes (personnes en errance sociale, en situation de demande d’asile…).

A partir de ces pratiques, nous nous interrogeons sur ce que « travailler avec », « co-construire », « co-créer » veulent dire, notamment du point de vue du droit d’auteur. Le code de la propriété intellectuelle prévoit dans l’article L. 113-1 que les droits d’auteur puissent être partagés, notamment en définissant les notions d’« œuvre collective », d’« œuvre en collaboration » et d’« œuvre composite ». Ces réglementations juridiques existantes peuvent-elles nous aider à penser ce qui se joue dans nos pratiques de recherche-création menées « à découvert » ? En se posant la question du droit d’auteur, nous entendons interroger les modes de fonctionnement des institutions de recherche et de création et leurs modes de légitimation. Notre objectif vise à déstabiliser nos économies et éthiques conventionnelles de travail, pour penser –en actes- des conditions de recherches-créations justes et émancipatrices.

Les manifestations en lien avec le projet :

• Journées d’inqui-etude-banquet des transformations (discussion autour de la notion d’hospitalité par mise en situation entre représentants de différents secteurs d’activités)
  • 1et 2 juin 2017 (Maison des Habitants-Patio-Villeneuve, Grenoble), avec Kobe Matthys, artiste (Agency), Peggy Pierrot, coordinatrice des Ateliers des horizons (Centre National d’Art Contemporain- Grenoble), Perrine Boissier (Ecole flottante), Sandrine Trigeassou (directrice association Cuisine sans frontières)
  • 5 et 6 décembre 2017 (salle municipale, rue Hector Berlioz, Grenoble), avec Céline Poulin (commissaire, Centre d’Art Contemporain de Brétigny), Marie Preston (artiste chercheuse Université Paris Saint Denis), Olive Martin, artiste, Patrick Bernier, artiste, Sébastien Canevet, avocat, Sylvia Preuss-Laussinotte, avocate, Myriam Suchet (chercheuse université Paris 3 Sorbonne Nouvelle)
• Performance/restitution : « Plaidoirie pour une jurisprudence. X. et Y. c/ Préfet de…. » à l’ancien palais du tribunal de Grenoble, performance créée en 2007 par Olive Martin, Patrick Bernier, artistes, Sébastien Canevet, avocat du droit d’auteur, Sylvia Preuss-Laussinotte, avocat du droit des étrangers consiste en une plaidoirie - 5 décembre 2017
• Séminaire « Cartographier le monde », Université de Saint Louis Bruxelles - 3 octobre 2017
• Production d’une édition livrée aux participants de la performance, co-financement et co-production avec l’association exCes et en collaboration avec Sandra Moreaux, graphiste
• Article (en cours d’évaluation), revue Déméter

Publication :

Malaises, ratés, asymétries dans le travail à plusieurs. Synopsis d’un banquet des transformation, Mekdjian Sarah, Moreau Marie, déméter. Revue du centre d'Études des Arts Contemporains, Lille, numéro spécial : "Œuvrer à plusieurs".