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Performance Lab : Atelier WP1 Voix, écoute et paysages sonores : une journée d’exploration sensible de la résonance

Atelier / Recherche

Le 1 juillet 2025

Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire

Cette journée s’inscrit dans une époque marquée par une crise éco-existentielle profonde — une crise du sens et du lien. À travers l’exploration de la voix et de l’écoute comme pratiques de résonance, il s’agit de proposer une réponse sensible à cette dislocation contemporaine. Se réaccorder à nos écosystèmes intérieurs et extérieurs devient une nécessité vitale. En cultivant ces états modifiés de résonance, nous nous outillons pour faire face aux défis actuels, non pas en fuyant le réel, mais en affinant notre manière de l’habiter. Se “re-boussoler”, pour mieux innover.

Cette journée de formation-expérimentation sera articulée autour de deux axes :

  1. Une pratique vocale : l’Exploration vocale ;

  2. L’écoute sensible des paysages sonores : environnements naturels ou enregistrés.

 La démarche présentée s’inscrit dans une double filière :

  • Une filière pratique, avec des temps d’immersion corporelle, vocale et sensorielle ;
  • Une filière réflexive, mobilisant les apports de la micro-phénoménologie, de l’écologie sonore et des modèles de résonance (H. Rosa, P.-H. Garnier).

Axe 1 - Une voix pour résonner avec le monde

L’Exploration vocale (Jaud, 2021) désigne ici une pratique sensible et intuitive de la voix, centrée sur l’émission de sons simples (voyelles, bourdons, souffles) et sur l’écoute fine de leur résonance dans le corps et dans l’espace. Elle ne s’inscrit pas dans une logique musicale ou esthétique, mais dans une démarche d’exploration de soi en lien avec l’environnement sonore. Cette pratique repose sur l’idée que la voix est un phénomène vivant, incarné, et profondément relationnel. Elle permet d’habiter le souffle, de faire vibrer des zones internes du corps, de se situer dans l’espace, et parfois d’accéder à des états de conscience amplifiés ou modifiés. Elle ouvre ainsi des champs de recherche transversaux, entre musicothérapie, anthropologie sonore, phénoménologie du corps, cognition incarnée et écologie de la perception. L’Exploration vocale constitue un modèle accessible et pertinent pour l’étude de la production vocale, de la perception de la voix, de la relation entre voix et corps, et des modèles de communication multimodale. En explorant la voix comme modalité d’interaction située avec l’environnement sonore, nous proposons un prolongement expérientiel et sensible à ces investigations scientifiques.

Dans cette perspective, la voix est autant un outil d’expression qu’un instrument d’écoute active. Elle permet de rendre audible l’interaction entre soi et le monde, de révéler le visible comme l’invisible : ce qui se manifeste clairement autant que ce qui échappe à la conscience ordinaire. Elle révèle des états corporels, émotionnels ou relationnels souvent tacites. La voix agit alors comme un miroir, un capteur, un révélateur de notre présence au monde. Elle ouvre parfois l’accès à des états de conscience modifiés ou à des états de résonance, ces zones intermédiaires où la perception s’élargit, où le temps se dilate, où la relation à l’environnement devient plus poreuse, plus fine, plus sensible.

Plutôt que de concevoir les états modifiés de conscience (EMC) comme des déconnexions ou des altérations, nous proposons de les relire comme états modifiés de résonance (EMR). À la manière d’un instrument qui se désaccorde pour mieux vibrer à de nouvelles fréquences, l’EMR désigne une transformation de notre manière d’entrer en lien — avec soi, l’environnement, les autres. Cette relecture offre trois apports majeurs : (1) elle décentre le regard du cerveau vers la relation, en soulignant les interactions sensibles et situées ; (2) elle valorise les ajustements subtils de présence et d’attention, souvent imperceptibles, mais puissamment transformatifs ; (3) elle articule les approches scientifiques, artistiques et cliniques dans une même logique d’écoute élargie du vivant.

La voix, en particulier lorsqu’elle est déployée dans une intention d’écoute et de présence, devient un outil de relation et de perception. Elle ne sert pas uniquement à s’exprimer : elle permet de s’accorder, de s’orienter, de s’ouvrir à un lieu ou à un paysage sonore. En cela, la voix agit comme un vecteur de résonance — c’est-à-dire un moyen de détecter, d’amplifier ou de moduler les interactions entre soi et le monde.

Axe 2 - L’écoute sensible : une posture d’attention incarnée

Notre approche de l’écoute se veut à la fois sensorielle, poétique et située. Il ne s’agit pas d’analyser les sons, mais de se laisser affecter, de se rendre disponible à ce qui vibre, s’échappe, traverse. L’écoute devient alors une manière d’habiter le monde, de le sentir depuis l’intérieur.

Cette posture rejoint la recherche de Pierre-Henri Garnier autour du concept de De-Sign (Neubern) : une manière d’écouter en se tenant au seuil du sens, sans chercher à interpréter immédiatement. Le De-Sign propose une disponibilité perceptive à ce qui advient, en acceptant les suspensions, les ambivalences, les formes de présence discrètes ou énigmatiques. Il s'agit d'une attitude d'accueil du monde sonore tel qu'il se présente, sans filtrage intentionnel ou représentation immédiate.

Cette écoute "désignée" mais non désignante permet d’ouvrir un espace d’attention neuve à ce qui se manifeste hors de nos attentes habituelles. L’écoute sensible engage ainsi une attention élargie, une forme d’« être écouté en écoutant », qui rend possible l’émergence de résonances inédites entre soi, l’espace, et ce qui s’y manifeste.

 

Une journée construite autour de l’expérience

L’alternance entre pratiques vocales, immersions sonores et temps de verbalisation permettra aux participants :

  • D’affiner leur perception sensorielle du son ;
  • D’éprouver la voix comme interface avec leur environnement ;
  • D’envisager cette expérience comme une opportunité d’ouverture vers des perspectives de recherche, qu’elles soient artistiques, scientifiques ou cliniques ;
  • De cartographier leur expérience à l’aide de la boussole de résonance (Endo ↔ Exo, Micro ↔ Macro, Passé ↔ Futur) ;
  • De mettre en mot leur résonance avec des paysages sonores variés.

Public concerné

Chercheurs, praticiens du soin, artistes, enseignants, professionnels de la voix, de l’écoute ou de la relation d’aide, toute personne curieuse de découvrir des dispositifs innovants de résonance entre soi et le monde.

Intervenants : Nicolas Jaud (musicothérapeute), Pierre-Henri Garnier (psychologue CHU Nantes) et Hugo Held (musicothérapeute et ingénieur du son)
Tous les trois travaillent ensemble autour du développement d’une écoute sensible du paysage à travers de nombreux dispositifs.

Objectifs de la journée

  • Explorer une posture d’écoute incarnée et sensible ;
  • Expérimenter les interactions entre voix, perception, espace et environnement sonore ;
  • S'initier à une grille de lecture des résonances à partir du modèle Endo/Exo - Micro/Macro - Passé/Futur ;
  • Réfléchir ensemble aux prolongements éthiques, artistiques ou thérapeutiques de ces pratiques.

Une synthèse sera proposée en fin de journée pour partager les apports vécus, les questions ouvertes et les perspectives de recherche collective.

Date

Le 1 juillet 2025
Complément date

9h30 - 17h

Localisation

Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire

Complément lieu

Maison de la Création et de l’Innovation
Live Arts Lab (rdc) + extérieur (campus)

Contact

nathalie.henrichatgipsa-lab.fr (Nathalie Henrich Bernardoni)

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Publié le 25 juin 2025

Mis à jour le 25 juin 2025